L'affaire Van Aerden
- Philippe ALEXANDRE
- 31 mai 2024
- 4 min de lecture
C'est au départ une affaire irrésolue de règlement de compte à la libération. C'est également un mystère pour moi parce que c'est aussi une affaire familiale non élucidée.
L'affaire Van Aerden
L'affaire Van Aerden concerne le meurtre mystérieux de Jean François Van Aerden, vice-consul belge au Havre avant la Seconde Guerre mondiale. En septembre 1944, Van Aerden est assassiné à Lougé-sur-Maire, dans l'Orne.
Pendant la guerre, Van Aerden s'était réfugié à Rânes et travaillait comme traducteur pour une entreprise de bois dirigée par Jacques Foccart et Henri Tournet, qui collaborait avec l'Organisation Todt, une organisation paramilitaire allemande. Van Aerden, qui connaissait bien les transactions entre l'entreprise et les Allemands, serait devenu un témoin gênant pour certains.
Le 1er septembre 1944, alors que les combats de la Libération faisaient rage, Van Aerden est enlevé et exécuté par une bande locale, sous prétexte fallacieux de trahison. Il est retrouvé criblé de balles dans une carrière à proximité de Rânes. Bien que les auteurs soient connus des habitants et des gendarmes, personne n'ose parler par crainte de représailles.
Plusieurs enquêtes ont été menées, dont une par la police judiciaire de Rouen en 1953, sous la pression de sa veuve. Mais elles n'ont jamais abouti à des condamnations. Les enquêtes ont révélé que Van Aerden a été probablement éliminé pour son rôle de témoin des activités illicites de Foccart et Tournet.
Les détails de cette affaire judiciaire sont racontés par Jean-François Miniac dans son livre "Les Grandes Affaires criminelles de l'Orne". Il a même créé un blog en 2008 qui "se veut être un trait d'union pour tous ceux qui veulent apporter leur contribution à la mystérieuse affaire François Van Aerden, un vice-consul de Belgique assassiné à Lougé-sur-Maire le 1er septembre 1944".
Le livre de Pierre Péan, "l'homme de l'ombre" sous titré "éléments d'enquêtes autour de Jacques Foccart l'homme le plus mystérieux et le plus puissant de la Veme République" évoque également cette affaire.
Je ne reviendrai pas sur les circonstances du décès de Jean François Van Aerden. Ce n'est pas le propos de cet article.
Une affaire familiale
Une affaire familiale parce que toute ma famille paternelle connait cette histoire. L'épouse de Jean François Van Aerden, c'était une tante de mon père. Ma tante Annette l'a raconté dans ses mémoires : Elle est allée passer des vacances chez Madeleine Gervais au Havre en 1952. Elle l'a reconnue sur cette photographie.
Ma tante, Annette, confirme que Madeleine VAN AERDEN est née GERVAIS. Elle était la cousine germaine de sa grand-mère Marie DESCHAMPS née THOMAS. Leurs mères étaient soeurs nées SEREE. Elles avaient un frère Charles SEREE.
Donc une soeur de Rose SEREE, mère de Madeleine, et leur frère Charles à retrouver. Le problème c'est que Rose SEREE a bien une soeur Marie Honorine. Mais elle s'est mariée avec Eugène Louis BESNARD, donc pas un GERVAIS. Et elle a bien un frère, mais il se prénomme Théophile Passis, pas Charles.
Nous voilà avec non pas avec une mais deux affaires non élucidées.
Un consulat Belge au Havre
Déjà, il nous faut expliquer la présence de François Van Aerden chancelier du consulat de Belgique au Havre. Un consulat de Belgique au Havre, voilà qui est peu commun.
Pour comprendre, il faut revenir en 1914. Dés le début de la première guerre mondiale, le gouvernement de Belgique décide de s'exiler à Sainte-adresse. C’est à bord de deux paquebots que les fonctionnaires et ministres arrivent au Havre le 13 octobre 1914. Ils s'installent à Sainte-adresse qui est la ville balnéaire et chic de l'agglomération du Havre. Le Nice Havrais devient le siège de l’administration belge. Pendant quatre années, Sainte-Adresse va être la capitale de la Belgique
Le gouvernement Belge c'est près de 2000 personnes. Ils sont hébergés dans les hôtels dont l'hôtellerie de Sainte-adresse. Malheureusement, les allemands raserons cet édifice en 1942 pour fortifier le site. les alliés bombarderont massivement Sainte-adresse à la fin de la guerre. L'ancien emplacement de l'hôtel s'appelle aujourd'hui la place Maréchal Joffre.
Après l'armistice de 1918, le gouvernement Belge retourne à Bruxelles, laissant un consulat Belge et François comme chancelier au Havre.
Ceci explique la présence de François Van AERDEN. C'est aussi grâce à ces circonstances qu'il épouse Madeleine GERVAIS au Havre le 20 juin 1917.
Cousin à la mode normande
J'ai fait l'arbre généalogique ascendant de Madeleine Jeanne GERVAIS et je n'avais pas encore trouvé le lien familial.
Madeleine GERVAIS est née le mercredi 4 janvier 1895 à Paris dans 17e arrondissement. Elle est la fille de Lucien François GERVAIS et de Julie Mathilde BOUCHER. Madeleine est leur fille unique.
les grand-parents paternels sont François GERVAIS, originaire de la Côte-d'Or à Liernais et Lucie VIDELOUP, originaire de la Manche à Ducey.
Les grands-parents maternels sont Pierre BOUCHER de Paris et Marie Louise PERRIN de Rieux, Montmirail dans la Marne.
Ma première piste a été le remariage d'un cousin de Rose SEREE, la mère de Marie THOMAS. Noël BOUCHER a épousé Justine Marie SEREE de ma famille. Marie THOMAS est la petite cousine de Justine SEREE. Mais rien côté descendance.
Noël BOUCHER a aussi un frère Victor d'Ecouché (Orne) marié avec Mélanie Esther CATOIS de Vieux-Pont (Orne). Ils n'ont eu qu'une fille à ma connaissance : Marie Louise née en 1858. Donc la piste d’arrête là. Aucune Julie BOUCHER à l’horizon.
Mon erreur est d'avoir négligé la branche paternelle THOMAS au profit de la branche maternelle SEREE.
Et puis toute chose arrive, à force de chercher. C’est GENEANET qui m’a aidé. Je tombe sur le dépouillement d’un mariage entre Isidore Florentin THOMAS de Rânes (Orne) avec une Elisa VIDELOUP de Ducey (Manche).
Elisa VIDELOUP est bien la sœur de Lucie. Marie THOMAS est la petite fille du frère d’Isidore Florentin THOMAS.
Alors effectivement nous sommes bien devant un cousinage à la normande. Techniquement Madeleine et Marie sont « cousines » mais en passant par deux fois par le frère et la sœur de leur conjoint respectif .
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